Articles

Affichage des articles du mai, 2020

Disposons nous de la bonne organisation pour contrôler la circulation du virus ?

Les centres d’appels de la CNAM risquent d’être vite débordés si les médecins jouent le jeu et transmettent à la CNAM les « contacts » que les personnes testées positives auront accepté de leur communiquer. Et s’ils ne sont pas débordés, c’est que le dispositif aura manqué sa cible.  L’expérience des épidémies nous enseigne qu’il faut des « travailleurs de santé », en nombre, professionnels et volontaires pour casser les chaînes de transmission. Pour identifier et circonscrire les foyers (nouveaux mais aussi anciens) de propagation. Pour identifier et isoler, le cas échéant,  les « propagateurs potentiels » du virus que sont les personnes en contact chaque jour avec des centaines de personnes Le dispositif des 3000 agents dans les centres d’appel de la CNAM, même renforcés par les 200 épidémiologistes des ARS est-il dimensionné pour faire face a cette mission ? Ne conviendrait-il pas de s’inspirer du dispositif mis en place en Autriche, avec ces ambulances qui circulent à Vienne, prête

Disposons-nous des données nécessaires pour piloter la stratégie de déconfinement ?

  La gestion de la crise sanitaire repose assez largement sur deux macro-indicateurs : le taux de reproduction et le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes. L’institut Pasteur vient de nous apprendre qu’autour de 3 900 personnes ont probablement contracté le virus (avec une fourchette allant de 2 600 à 6 300 personnes) : le même modèle prévoyait plutôt 1 300 infections quotidiennes (entre 840 et 2 300) en ce début de semaine. Le taux de reproduction est, pour sa part, passé de 0,5 à 0,65 et 0,7 On sait que les modèles sont des constructions fragiles. C’est sur la base de ces deux macro-indicateurs que le gouvernement pourrait être conduit, s’ils remontaient, à re-durcir les mesures de restriction. Il faut qu’il ait confiance dans la pertinence de ces indicateurs et dans leur valeur prédictive. Et la société avec lui (même s’ils ne sont pas rendus publics).   Ces modèles reposent sur une batterie d’indicateurs : indicateurs de pression épidémique (passages aux urgences, activi

10 équipes de chercheurs et des centaines de volontaires compilent les données pour documenter les stratégies nationales face au Covid19 et mieux comprendre ce qui fonctionne

  Un débat s’est ouvert sur les mesures et les restrictions les plus efficaces pour endiguer la pandémie : confinement, fermeture des écoles, tests, identification des clusters, isolement des personnes atteintes ou suspectes de l’être, fermeture des frontières, ….   Evaluer l’impact d’une mesure isolement des autres mesures, et Indépendamment du contexte, est extrêmement difficile, rappelle Nature, dans un article consacré aux efforts des chercheurs pour comprendre les stratégies qui fonctionnent .   «  Ces données seront essentielles pour les gouvernements, qui doivent mettre au point des stratégies pour préparer le retour à la normale tout en limitant la contagion, afin d’éviter une seconde vague. “On ne se soucie pas de la prochaine épidémie. On s’interroge sur ce qu’il faut faire dès maintenant”, explique Rosalind Eggo, une mathématicienne qui crée des modélisations à l’École d’hygiène et de médecine tropicale à Londres (LSHTM) ».   « Les chercheurs travaillent déjà sur des modèles

Covisan: un dispositif qui va au devant des foyers de transmission potentiels

Pour endiguer l’épidémie de coronavirus, le projet "Covisan" a été lancé  à la mi-avril   afin de suivre individuellement les personnes malades mais aussi de dépister systématiquement leur entourage.   Lorsqu'un malade est détecté, soit parce qu’il est arrivé aux urgences ou alors chez son médecin traitant, et que ce n'est pas un cas grave, il est orienté vers cette structure "Covisan". Une équipe se déplacera, alors, à son domicile pour l’analyser et pour prélever l’ensemble de son entourage.   Covisan  a été déployé dans 4 établissements de l’AP-HP : l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, l'hôpital Avicenne, l'hôpital Bichat-Claude Bernard et l’hôpital Louis-Mourier.   La ville de Paris, le département de Seine Saint Denis, l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) Ile-de-France, les CPTS (Communauté professionnelles territoriales de santé) des territoires pilotes, la Croix-Rouge, Accor et l'ARS (Agence régionale de santé) Ile-de-France

En Autriche, une plateforme d’appel et des ambulances pour réaliser tout de suite des tests à domicile

Sous le titre Les « brigades » anti-coronavirus de l’Autriche se veulent un exemple pour l’Europe , le correspondant du Monde en Autriche decrit le dispositif qui a   permis à l’Autriche   d’afficher de si bons résultats dans la lutte contre le coronavirus.   Ce dispositif  s’appuie sur une plateforme d’appels, un peu comme ce qui est prévu en France, avec les brigades de la CNAM, rebaptisées « anges gardiens ».     A la différence du dispositif français, le dispositif autrichien organise deux circuits, deux maillons.   1. Le premier, comme ce qui est prévu en France, concerne les personnes testées positives. Dès qu’une personne est testée positive, les «enquêteurs » l’appellent  pour retracer toutes ses activités jusqu’à quarante-huit heures avant l’apparition des premiers symptômes, seuil à partir duquel les malades sont contagieux. Ces personnes  sont classées en deux categories :  celles qui ont été en contact renforcé (moins de deux mètres pendant plus de quinze minutes) : elles s

De la tactique du marteau à la stratégie du filet

Malgré toutes ses limites, c’est la métaphore de la guerre qui s’impose pour aborder la stratégie de sortie du confinement. La mise en échec du virus ne saurait reposer sur une “guerre aux personnes atteintes ou suspectes”. S’il est utile d’identifier ces personnes pour les tester, c’est le virus lui-même qu’il convient de traquer. Et tant qu’on ne saura pas l’éradiquer dans nos corps, c’est à sa transmission qu’il faut s’attaquer, foyer de propagation après foyer de propagation. Après la tactique du “marteau” (on met tout le monde sous clef et sous cloche par le confinement), c’est une stratégie du ”filet” qu’il convient de déployer. Un filet dont les mailles devront être les plus fines possible. Cette stratégie du filet s’apparente plus à une guerre de mouvement qu’à une guerre de position. Elle repose sur la vitesse, l’agilité,  l’apprentissage, le recueil de données et leur analyse aussi rapide que possible. Ce qui ne peut se faire sans la participation active de chacun.  Deux disp

Vers une épidémiologie participative

  L’urgence commande d’innover dans le recueil de données, en s’appuyant sur le public.    Ne pouvant enquêter, en raison du confinement, en face à face, les chercheurs en sciences sociales ou en épidémiologie, recourent depuis quelques semaines  à des questionnaires en ligne : perception du confinement, impacts psychosociaux, effets du confinement sur les pratiques alimentaires, etc. On découvre ainsi, à l’occasion de cette crise, l’intérêt d’une épidémiologie participative qui associe le public à la surveillance de l’épidémie comme à la compréhension de ses mécanismes de circulation.   Dans le Haut-Rhin, des équipes de recherche font appel au public pour retracer l’histoire de la propagation du virus dans ce qui fut l’un des premiers foyers épidémiques en France.  L’Inserm et la Direction de la recherche du ministère de la Santé prévoient ainsi, dans le cadre du projet Epicov, d’inviter 200 000 personnes à répondre à un questionnaire et, en parallèle, pour 100 000 d’entre elles, à de

Allemagne : Gouvernement fédéral et Länder s’accordent sur un objectif de 5 enquêteurs pour 20 000 habitants

A l’issue d’une conférence téléphonique, la 15 avril, la     Chancelière et les Ministres-Présidents des Lander   ont adopté une décision commune   relative aux restrictions à la vie publique pour freiner l'épidémie de COVID19 Cette decision consacre un chapitre à la recherche de contacts, aux effectifs requis ainsi qu’aux moyens à réunir  pour former et équiper cette « force sanitaire ».   « Afin d'identifier rapidement les chaînes d'infection à l'avenir, d'effectuer des tests ciblés, d'assurer un suivi complet des contacts et de fournir des soins professionnels aux personnes touchées, des capacités de personnel supplémentaires considérables sont créées dans les services de santé publique locaux, au moins une équipe de 5 personnes pour 20 000 habitants.    Des équipes fédérales supplémentaires doivent être déployées dans les zones particulièrement touchées, et la Bundeswehr soutiendra également ces régions avec du personnel formé au suivi des contacts et au sou

États-Unis : les Démocrates proposent la création d'une force sanitaire de 180 000 enquêteurs

Un groupe d'éminents experts en santé publique a adressé le 27 avril une lettre au Congrès demandant 16,5 milliards de dollars pour étendre la recherche des contacts et l'isolement des personnes atteintes afin de rouvrir l'économie en toute sécurité.   « Nous vous écrivons pour proposer au Congrès de prendre rapidement des mesures dans le cadre de la législation à venir afin de donner aux États les fonds nécessaires pour accroître la capacité de notre pays à rechercher les contacts et à soutenir l'isolement volontaire des personnes infectées et exposées » écrivent les 16 experts de la santé, parmi lesquels l'ancien commissaire de la Food and Drug Administration (FDA), Scott Gottlieb, et l'ancien administrateur par intérim des Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS), Andy Slavitt.   Les signataires demandent 12 milliards de dollars pour l'embauche de 180 000 personnes qui se chargeraient de la recherche des contacts. «  Le système de santé publique

Joe Biden appelle à la création d’une force sanitaire de 100 000 membres

Joe Biden a peine a se faire entendre dans cette période. Pour assoir son autorité, il s’est entouré d’un Comité consultatif de santé publique, composé de scientifiques et d’ex-administrateurs des autorités de santé.   Alors que le Congrés débat d’un plan « pour reouvrir l’économie », Joe Biden alertait le 27 avril sur la pénurie de tests et plus généralement sur la strategie de depistage   « Nous ne devons pas simplement tester plus, nous devons tester plus intelligemment. À l'heure actuelle, en raison du manque de tests et d'équipements de protection du personnel et de problèmes connexes, nous testons principalement  les personnes les plus malades que nous soupçonnons d’être atteintes, afin qu'elles puissent être isolées et soignées. Les tests intelligents se concentreraient sur les personnes à risque élevé, comme les résidents des maisons de retraite,  ainsi que celles qui interagissent avec de nombreuses personnes chaque jour :  les professionnels de santé, les employés

Dispositions relatives à la création d’un système d’information aux seules fins de lutter contre l’épidémie de covid-19 (article 6 du projet de loi)

Article 6 du  projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire et complétant ses dispositions I. – Par dérogation à l’article L. 1110-4 du code de la santé publique, aux fins de lutter contre la propagation de l’épidémie de covid-19 et pour la durée strictement nécessaire à cet objectif ou, au plus tard, pour une durée d’un an à compter de la publication de la présente loi, des données relatives aux personnes atteintes par ce virus et aux personnes ayant été en contact avec elles peuvent être partagées, le cas échéant sans le consentement des personnes intéressées, dans le cadre d’un système d’information créé par décret en Conseil d’État et mis en œuvre par le ministre chargé de la santé. Ce ministre, ainsi que l’Agence nationale de santé publique, un organisme d’assurance maladie et les agences régionales de santé, peuvent en outre, aux mêmes fins et pour la même durée, adapter les systèmes d’information existants et prévoir le partage des mêmes données dans les mêmes co

Renaud Piarroux: former des équipes qui sachent parler aux patients

Dans une tribune publiée par le Monde, le Professeur Renaud Piarroux, épidémiologiste de terrain et chef du service de parasitologie de l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière,  décrit le dispositif Covisan qu'il a développé  à Paris et en Ile-de-France : un réseau d’équipes mobiles  destiné à aider les personnes atteintes par le Covid-19 à se confiner.  Comment vous préparez-vous face à l’éventualité d’une seconde vague de l’épidémie ? Nous devons nous mettre dans des conditions nous permettant de sentir venir une éventuelle nouvelle vague. Si nous parvenons à maintenir un nombre de reproduction ne dépassant pas 1,5, la montée du nombre des hospitalisations et des admissions en réanimation sera lente. Le plus probable est que le mois de mai et le début juin soient un peu plus calmes pour les services hospitaliers, en particulier en réanimation. Après cela, l’épidémie reprendra-t-elle ? Cela dépendra de ce que nous ferons pour l’éviter. En pratique, cela signifie détecte