Le conseil scientifique recommande la mise en place d'un service professionnalisé de santé publique de détection, de suivi, d’isolement des cas et de leurs contacts



Le Conseil Scientifique, dans son avis du 20 avril, publié le 24, identifie les six pré-requis 

  1. Mise en place d’une gouvernance en charge de la sortie de confinement
  2. Des hôpitaux et des services sanitaires reconstitués
  3. Des capacités d’identification rapide des cas, de leurs contacts, et d’isolement des patients et de tous les porteurs sains contagieux
  4. Un système de surveillance épidémiologique capable de détecter les nouveaux cas
  5. Critères épidémiologiques
  6. Des stocks de protection matérielle pour l’ensemble de la population
C'est le prérequis 3 (Des capacités d’identification rapide des cas, de leurs contacts, et d’isolement des patients et de tous les porteurs sains contagieux) qui nous intéresse ici. Voici la description qu'en donne le Conseil Scientifique. 
  • Une capacité diagnostique des nouveaux cas reposant sur des tests RT-PCR fiables et accessibles sur l’ensemble du territoire, après une prescription médicale.
  • Un système efficace s’appuyant sur la médecine de ville, des plateformes numériques, et des équipes mobiles pour identifier les cas suspects et les orienter vers des structures de test.
  • Des lieux dédiés de diagnostic rapide des cas suspects, avec transmission rapide des résultats des tests aux individus, à leurs médecins et aux systèmes de surveillance pour le suivi de l’épidémie.
  • Des plateformes téléphoniques complétées par des équipes mobiles pour la prise en charge des cas diagnostiqués et de leurs contacts.
  • Des équipes mobiles et des outils numériques pour un traçage efficace des contacts.
  • Des lieux d’hébergement pour les personnes souffrant de formes bénignes de la maladie.
Le Conseil Scientifique dessine les grandes lignes du dispositif nécéssaire: 

"En pratique, il s’agit de mettre en œuvre un service professionnalisé de santé publique de détection, de suivi, d’isolement des cas et de leurs contacts. Ce service devra être créé sur la base d’une expression claire des objectifs et besoins et répondre à un cahier des charges dont les principes sont indiqués ci-dessus. Ce service serait fondé sur :
  • Des plateformes professionnalisées régionales et/ou territoriales reliées aux résultats des tests et disposant des informations permettant d’appeler les cas répertoriés et leurs contacts et de proposer pour chacune des personnes identifiées une solution d’isolement efficace et adaptée. Les enjeux de protection de l’identité des personnes et de confidentialité des données les concernant devront être maitrisés avec le plus haut niveau de sécurité comme pour toute activité à caractère médical.
  • Des équipes mobiles de contact tracing et d’isolement notamment pour cibler des populations isolées ou précaires ou en cas d’éclosion de foyers de transmission (clusters). Ces équipes sont complémentaires des plateformes mentionnées ci-dessus et seraient coordonnées en lien direct avec celles-ci.
  • Les outils numériques en cours de développement (cf. ci-dessous). Les deux approches (outil numérique, plateformes et équipes mobiles) sont complémentaires et touchent potentiellement des publics différents. La conjonction des deux approches doit permettre de toucher tous les résidents sur le territoire national même ceux qui n’ont pas de smartphone.
Ces infrastructures et équipes devront être mises en place, coordonnées et animées aux différents niveaux régionaux et territoriaux au plus proche de la population. Elles mobiliseront pour cela les ressources en santé publique de l’État, des collectivités territoriales et des municipalités. Elles pourront être constituées par la mobilisation de médecins, de personnels paramédicaux, de volontaires et de personnels à recruter. Une formation opérationnelle et délivrant les prérequis en matière de confidentialité des données devra être formalisée et dispensée à chacune des composantes de ce service en matière de recherche des contacts, d’appréciation du risque sur la base de référentiels, de délivrance de conduite à tenir en terme d’isolement et d’orientation vers la prise en charge diagnostique et clinique de proximité (médecine générale …).
Ce service doit être connu et compris de l’ensemble de la population, en particulier de ceux les moins socialement privilégiés. Une communication transparente et adaptée en matière notamment de littératie sera nécessaire. Elle devra utiliser de multiples approches complémentaires avec notamment l’implication active le plus en amont possible de toute la communauté médicale, en particulier de la médecine de ville".


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