Royaume Uni : « faire face à la plus grande crise sanitaire depuis cent ans avec pratiquement aucune donnée à analyser a été un revers presque inimaginable ».


Selon le rapport parlementaire publié le 12 octobre, le gouvernement britannique a commis de « grosses erreurs » et tardé à agir au début de la pandémie.


En cause :  « l'absence de données adéquates sur la propagation du covid-19, en raison de l'insuffisance de l'opération de dépistage au Royaume-Uni » et « une confiance excessive dans des modèles mathématiques spécifiques alors qu'il y avait trop d'incertitudes ».


Pour comprendre « l’un des plus importants échecs de santé publique au Royaume-Uni », le rapport consacre de longs développement aux données qui ont manqué ou qui n’ont pas été suffisamment ou adéquatement partagées. 

« Au début, un certain nombre de systèmes ont été mis en place en dehors du système de planification d'urgence ou des systèmes de santé publique (…) il y avait des problèmes techniques avec différents systèmes de données qui ne se parlaient pas entre eux. C'était certainement un problème ».

 

« Pour un pays disposant d'une expertise de classe mondiale en matière d'analyse de données, faire face à la plus grande crise sanitaire depuis cent ans avec pratiquement aucune donnée à analyser a été un revers presque inimaginable ».

 

En cause, le retard mis à déployer les tests a grande échelle a privé «  les scientifiques et les décideurs de données granulaires cruciales » : « Il est évident que le partage de données granulaires est essentiel à une réponse efficace à une urgence. Cela ne s'est pas concrétisé lors de la pandémie », entravant « les premiers efforts d'analyse de la pandémie ».


« Ce problème a été aggravé par le fait que les organismes publics nationaux impliqués dans la réponse n'ont pas réussi à partager entre eux les données disponibles, y compris entre autorités nationales et locales ». En cause, ici, la gestion centralisée du Tester-tracer-isoler britannique (Test and Trace), sous-traité à des prestataires privés, et qui tardé à partager leurs données avec les services locaux de santé publique, reconnus par la commission comme efficaces dans le traçage des contacts. (voir La privatisation de la recherche de contacts en Angleterre est un fiasco)

« Le programme « Test and Trace » n’a finalement pas répondu aux attentes qu'on avait placées en lui. Il n'est pas parvenu à avoir un impact suffisamment important sur le déroulement de la pandémie pour justifier le niveau d'investissement public dont il a bénéficié. Il a clairement échoué ».

Quant au Joint  Biosécurity Centre, finalement créé en avril 2021, « une  source de données et d'analyses sur lesquelles des décisions importantes sont prises (…) c’est une organisation particulièrement opaque, manquant   de la même transparence que le le SAGE (équivalent de notre conseil scientifique) a fini par afficher ».

 

« Une leçon très importante à tirer de cette pandémie est que les flux et systèmes de données sont incroyablement importants. Vous avez besoin des informations pour pouvoir prendre des décisions. Par conséquent, pour toute situation d'urgence, ces systèmes de données doivent être mis en place dès le départ afin de pouvoir fournir les informations nécessaires à l'analyse et à la prise de décision ».

 

Boris Johnson a repoussé à 2022 la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la gestion du Covid. 



Voir aussi: Royaume Uni : une réponse numérique efficace et quelques échecs retentissants




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